Partager la publication "Témoignage d’un surdoué (3/4) : « D’une confiance à zéro j’étais passé à 300%. Tout était à ma portée »"
Après son enfance, et sa scolarité de surdoué, Laurent H. poursuit son témoignage avec son entrée à l’université. Dans cette troisième partie de notre série « Témoignage d’un surdoué », il nous raconte comment il a pris (trop) confiance en lui et s’est heurté à l’élitisme du système. Histoire d’un surdoué à la fac…

Plus d’asthme. Je fumais un paquet de Marlboro par jour à l’âge de 15 ans. Par ailleurs, je faisais du sport à haut niveau et tous mes problèmes de santé avaient disparu. Physiquement, je n’étais plus le même. Du petit gros, j’étais devenu « normal ». Et j’en imposais avec ma carrure d’ancien gros. Donc, je me sentais bien mieux dans ma peau. C’est dire si à cette époque j’étais en train de revivre dans tous les sens du terme !
Sachant que tout ceci était un rôle « temporaire » tout à fait jouissif et exutoire, je n’avais aucune limite d’expérience. Alors, je suis tombé un temps dans la drogue et la délinquance. J’ai tout fait pour tester outrageusement toutes les limites des personnes qui croisaient mon chemin. Les miennes également. J’étais l’antithèse du gamin que je fus dans mon passé, l’exact opposé dans la polarité. J’étais même devenu quelqu’un ! J’avais des amis, des petites copines. Ainsi, l’ancien moi était loin derrière.
Mes géniteurs m‘ont définitivement renié à cette époque. J’étais vraiment entré en résistance contre toute autorité. Ils n’avaient plus aucun pouvoir sur moi. Alors, je me suis fait mettre à la porte. J’avais enfin le courage de me défendre des coups et des insultes. J’avais 16 ans et mon alter ego s’était fait la malle sans me dire au revoir.
Deux ou trois séjours en hôpital psychiatrique
C’est ma grand-mère qui m’a hébergé pour ne pas que je finisse à la rue car j’étais décidé à vivre ma vie de roi du rock’n roll à n’importe quel prix. Contre le monde entier si il le fallait. J’avais besoin de ça ! Ma grand-mère est une surdouée qui s’ignorait jusqu’à ce qu’elle se rende avec moi chez les psys. Elle était la seule personne qui me comprenait et m’aidait à me gérer avec bienveillance et compassion.
J’avais fait deux ou trois séjours en urgence en hôpital psychiatrique. Mes crises émotionnelles étaient toujours incontrôlables et il fallait m’assommer aux médocs pour me calmer. En réalité, je ne souffrais d’aucune pathologie. Si ce n’est d’une intelligence au-dessus de la moyenne, selon les docteurs. Une nouvelle fois, je passais sous la loupe scientifique avec des tests plus récents et « fiables » ; j’étais bien surdoué… hourra ! Ça ne changeait strictement rien à ce que je ressentais, ni en bien ni en mal. Mais ça rassurait ma grand-mère.
A cette époque on parlait vaguement du phénomène HPE HPI. J’avais les deux qualités. Mais pour moi, c’était un pléonasme. L’intelligence étant aussi une partie de l’Intelligence, je préférais le terme « albatros ». Cela me rappelait l’histoire du « vilain petit canard », c’est le mythe de ma vie ! Tous les inadaptés devraient se le passer dans les moments de doute. Cette histoire a changé ma vie…
Un surdoué à la fac !
J’ai jeté les traitements aux médocs prescrits (anxio, anti dépresseurs) qui m’empêchaient de réfléchir et de penser correctement. Le pétard étant plus efficace pour philosopher et dormir, j’ai opté pour l’automédication au cannabis thérapeutique. Une forme de liberté quoi qu’on en pense….
Mon bac en poche, je décidai de m’inscrire en fac de droit, voulant afficher toute cette intelligence au monde et étant devenu un petit con prétentieux plus ou moins conscient de ses capacités. D’une confiance à zéro j’étais passé à 300%. Tout était à ma portée. Ma seule limite ? Moi-même. J’étais un surdoué à la fac ! Pourtant, rapidement, j’étais choqué de l’élitisme du système universitaire et plus ou moins dégoûté du sens de la justice qu’on nous inculquait. « Le code civil c’est ça, votre boulot c’est passer à travers les failles« … Bel exemple de la mentalité de nos législateurs.
Ce milieu étant très politisé, j’avais l’occasion de me démarquer par mon sens non conventionnel de voir les choses. Cela m’a permis des joutes verbales de haut niveau avec les maîtres de conférence et une humiliation systématique d’une communauté dite « universitaire » mais qui n’en porte que le nom. Pas grave, j’avais les reins solides. J’étais borné et pas avare de justice et de vertus humanistes. Un Che Guevara en culotte courte.
J’ai dû arrêter les cours 6 mois plus tard (mes partiels validés pourtant) pour gagner un peu d’argent. Il fallait que je profite du nouveau « Moi » hors contraintes scolaires et je n’avais plus les moyens de continuer financièrement. Mes géniteurs me vouant aux flammes de l’enfer je ne pouvais compter que sur moi. J’avais tout pile 18 ans, une amoureuse avec qui je resterai 11 ans. Je voulais faire comme tout le monde : construire mon foyer. C’est la période la plus difficile et tragique de ma vie qui commença alors…
A suivre…
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