Le chercheur chinois qui a fait naître deux jumelles génétiquement modifiées en novembre 2018 aurait caché ses véritables intentions. Alors qu’il affirmait avoir supprimé un gêne du génome des deux bébés pour les immuniser contre le VIH, il aurait en fait cherché à en faire des individus surdoués génétiquement modifiés.

Ryan McGuire
L’information a fait grand bruit en novembre 2018 : Jiankui He, chercheur chinois en génétique, serait parvenu à faire naître deux bébés humains génétiquement modifiés. En utilisant les ciseaux moléculaires CRISPR, il aurait supprimé un gène pour éviter que ces deux jumelles n’attrapent le VIH. C’est ce que le scientifique affirme dans une dépêche relayée par l’Associated Press. Or, pour l’heure, aucune autorité indépendante ne confirme l’information. Pa ailleurs, aucune publication scientifique n’a encore consacré de publication à cette présumée découverte. Il faut donc la prendre avec précaution.
D’autant plus que, selon un article de la revue du MIT, le scientifique aurait masqué ses véritables intentions. Ainsi, il n’aurait pas vraiment cherché à mettre au monde des bébés immunisés contre le virus du SIDA. En effet, la revue scientifique de l’université américaine confirme que le chercheur chinois a bien supprimé le gène CCR5 du génome des deux bébés. Il était alors conscient qu’il est en lien avec le virus du SIDA. Mais la revue le soupçonne de l’avoir fait en réalité pour intervenir sur la cognition des jumelles. Il aurait, en réalité, cherché à en faire des individus surdoués génétiquement modifiés.
Des animaux surdoués génétiquement modifiés
En effet, en 2016, deux chercheurs de la Western University of Health Sciences de Californie ont découvert que la suppression de ce même gêne sur une souris provoquait une hausse considérable de sa mémoire. Des travaux que le chercheur en génétique chinois a affirmé connaître, dans une intervention lors d’un symposium à Hong Kong. Outre ses effets sur les capacités de mémoire et d’intelligence, l’ablation du gêne peut permettre un rétablissement plus rapide après un AVC.
Pour autant, la communauté scientifique semble loin d’envisager l’idée d’une modification génétique de l’humain pour en améliorer ses performances cognitives. Dès lors, le chercheur chinois a-t-il agi en connaissance de cause ? Ou alors, a-t-il obtenu ce résultat par « inadvertance » ? Une possibilité que la revue du MIT n’exclut pas totalement.
De plus, un scientifique américain s’exprime dans ce même article. Il assure qu’il est souvent sollicité par des personnes très riches intéressées par la mise au monde d’enfants surdoués génétiquement modifiés. Une pratique qu’il considère comme inenvisageable d’un point de vue éthique. Il explique, par ailleurs, ressentir « espèce de répulsion viscérale » ainsi qu’une « immense tristesse » à l’évocation de l’idée que certains de ses confrères puissent avoir moins de scrupules.
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