Partager la publication "Québec : des neuropsychologues alertent contre la sur-identification de la douance"
La douance est un sujet porteur depuis quelques temps. Il ne fait pas la une des journaux. Mais les publications qui l’étudient, les associations qui le défendent sont désormais nombreuses. Et entraînent parfois des « surdiagnostics », constate un journal québécois. Avec, des conséquences parfois néfastes.

Existe-t-il une « mode » de la douance ? Et, si oui, quelles en sont les conséquences ? Voici les questions que se pose le quotidien québécois Le Soleil dans un article du 20 février 2021. Son auteur, Marc Allard l’écrit dès l’introduction : « De plus en plus d’enfants sont identifiés à tort comme étant doués ». Ce qui, selon des neuropsychologues, leur « cause préjudice ».
Pour illustrer son propos, il commence par raconter un cas particulier. Celui d’un jeune garçon très agité à l’école. Il avait précédemment été identifié comme haut potentiel intellectuel (HPI). Une « particularité » qui allait malheureusement servir d’unique base d’interprétation de son comportement par ses parents. Le jeune garçon a rencontré un psychologue. Ce dernier a proposé des solutions pour l’aider dans sa scolarité. « Mais son père et sa mère refusaient, raconte l’article. Ils brandissaient le diagnostic de douance de leur fils et estimaient qu’il avait seulement besoin de rester assis avec du contenu enrichi. »
La douance : arbre qui cache la forêt
En se focalisant sur la douance de leur enfant, ses parents passaient « à côté, à mon sens, des vrais besoins de l’enfant », interprète le psychologue. Il n’est pas seul à s’inquiéter. En novembre 2020, quatre neuropsychologues ont alerté contre les effets néfastes » du « surdiagnostic de douance », au Québec, rappelle Le Soleil. En effet, Marie-Claude Guay, Marie-José Caron, Julie Duval et Elodie Authier ont animé une formation intitulée « La douance à outrance : il est temps de remettre les pendules à l’heure ».
Il s’agissait d’un webinaire en direct accrédité par l’Ordre des psychologues du Québec. Plus de 200 professionnels de la province l’ont suivi. Ils y ont notamment découvert qu’au Québec, « actuellement, le problème, c’est qu’il y a énormément d’enfants qui sont identifiés comme des enfants qui ont une douance alors qu’ils ont un potentiel intellectuel tout à fait normal », résume Marie-Claude Guay.
Elle précise qu’il s’agit d’un « grave problème ». En effet, une mauvaise identification prive l’enfant des aides potentielles dont il pourrait bénéficier. Il peut, en réalité, nécessiter un accompagnement pour l’apprentissage de la lecture et passer à côté car on le considère, à tort, comme HPI.
Des diagnostics décrédibilisés
Mais alors, à qui la faute ? Un peu tout le monde, à en croire Le Soleil. La douance suscite beaucoup d’intérêt au Québec, et ailleurs, depuis quelques années. Des associations de parents voient le jour. Les publications se multiplient. Le HPI trouve même régulièrement sa place dans les médias généralistes. Le sujet fascine, inquiète, intrigue…
« En ce moment, la douance, c’est une mode. Tant mieux », se félicite Marianne Bélanger, neuropsychologue spécialiste du sujet. Cet intérêt éveille les consciences. Il permet de dépassionner le sujet. Mais aussi à certains de se reconnaître. La neuropsychologue insiste néanmoins sur la nécessité d’interpréter les tests de Q.I. avec prudence. Elle rappelle notamment qu’ils ne reflètent qu’un résultat à un moment précis.
Selon les quatre neuropsychologues à l’initiative de la formation, la tendance est à l’élargissement du spectre de la douance. Cette pratique conduirait à décrédibiliser les « diagnostics ». Et, en bout de chaîne, « nuire aux gens qui ont vraiment une douance », regrette Nancie Rouleau, professeure titulaire à l’Université de Laval et responsable du cours Neuropsychologie de l’enfant et de l’adolescent. Tout en précisant que le phénomène inverse existe. On passe à côté de certains enfants précédemment diagnostiqués TDAH ou dyslexique, par exemple.
Lire sur le même sujet : HPI, TDA/H, troubles dys… Trop de diagnostics inutiles ou contreproductifs ?
very good article
thanks so much
Merci pour cet article très pertinent. Les erreurs de diagnostic sont de plus en plus courantes et risquent d’induire en erreur les parents, les enseignants et les autres éducateurs. Les conséquences sont énormes.
En 2009, à l’âge de 3 ans, ma fille a reçu un diagnostic de TDAH et de problèmes de comportement alors qu’elle n’était « que » très douée et s’ennuyait à mourir à l’école.
Elle a dû aller dans un groupe avec des enfants vraiment agressifs, ce qui a accru son comportement inapproprié et son inconfort.
Ainsi, ceux qui diagnostiquent doivent être bien formés dès le début et au fil du temps pour identifier, discuter et remettre en question leur opinion ou leur jugement. Et être prêts à admettre qu’ils ont tort.
L’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur est diabolique.
Thank you for this very relevant article. Misdiagnosis is becoming more and more common and is bound to mislead parents, teachers and other educators. The consequences are enormous.
In 2009, at the age of 3, my daughter was diagnosed with ADHD and behavioral problems when she was « only » very talented and bored to death in school.
She had to go to a group with genuinely aggressive children, which increased her inappropriate behavior and discomfort.
Thus, those who diagnose should be well trained from the start and over time to identify, discuss and question their opinion or judgment. And be prepared to admit that they are wrong.
To err is human, but to persist is evil.