Partager la publication "L’art d’être normale : Elina Nobelen préfère les « apéistes » aux surdoués"
Le 2 janvier 2020, France Info diffusait l’interview d’Elina Nobelen. Elle est l’auteure de L’art d’être normale, publié aux éditions Michalon. Dans ce livre, elle témoigne sur son vécu de haut potentiel intellectuel. Un terme auquel elle préfère d’ailleurs le néologisme de son invention « apéiste ».
Elina Nobelen, auteure de L’art d’être normale, a pu s’exprimer sur France Info jeudi 2 janvier 2020, dans la rubrique « L’invité de 23 heures ». Celle-ci « est aussi l’occasion de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas forcément souvent », introduit le journaliste. En l’occurrence, il parle des personnes à haut potentiel intellectuel (HPI). Il les présente comme les représentants d’une « minorité invisible ».
De son côté, Elina Nobelen rejette l’expression HPI. Elle y préfère le terme « apéistes ». Un néologisme qu’elle définit comme « un acronyme » qui désigne « les atypiques personnes dans les émotions et l’intelligence ». Selon Elina Nobelen, son utilisation permettrait d’éviter les clichés habituels autour de la précocité intellectuelle.
A-t-on vraiment besoin de désigner les surdoués autrement ?
Toutefois, est-il réellement nécessaire d’introduire une nouvelle expression pour désigner les personnes HPI ? Surtout qu’à l’heure actuelle, personne – à part Elina Nobelen et « son entourage », reconnaît-elle – ne sait ce que signifie « apéiste ». Par conséquent, pour le définir, on devra forcément en passer par l’évocation d’un quotient intellectuel (QI) supérieur à la moyenne. Ce qui en revient à nourrir les potentielles idées reçues d’interlocuteurs non sensibilisés à la question.
Peut-être vaudrait-il mieux en fin de compte ne pas perdre son énergie à imaginer de nouveaux qualificatifs qui évacuent l’idée d’intelligence et s’organiser pour mieux expliquer au « grand public » ce qu’est réellement le haut potentiel intellectuel. Cela pourrait, par exemple, passer par la création d’un collectif d’acteurs qui interviennent déjà sur le sujet et l’émergence de « porte-paroles » médiatiques.
Néanmoins, dans son entretien à France Info et son ouvrage, Elina Nobelen met efficacement en avant le poids des normes sociales qui pèse sur certains surdoués. « On se doit d’être d’une certaine façon, notamment dans les relations sociales. Il existe une forme de carcan social. Et pour qu’on puisse accueillir toute la différence, encore faut-il pouvoir la reconnaître et comprendre qu’elle existe », explique-t-elle. Sur ce thème, elle poursuit en décrivant la difficulté qu’elle rencontre dans ses relations sociales en raison également de « particularités sensorielles particulièrement envahissantes ».
Les masque social d’Elina Nobelen
Par conséquent, le silence et la solitude deviennent des alliés d’Elina Nobelen. Elle a « besoin de [se] retrouver seule, à certains moments, pour pouvoir [se] focaliser et relâcher l’énergie » qu’elle dépense à se conformer à la « normalité ». Car elle porte un « masque social » constitué par son sourire. « Je le mets quand je ne peux pas être moi-même pleinement parce que cela ne serait pas conventionnellement admis ni acceptable que je parte subitement parce que j’en ai ras-le-bol de la conversation », décrit l’auteure.
Un témoignage dans lequel certains lecteurs pourront certainement se reconnaître. Même cette sensation de différence se limite-t-elle uniquement aux individus HPI ? D’ailleurs, peut-on réellement l’expliquer par le niveau théorique de l’intelligence ? Ou n’est-ce pas finalement le lot de toutes les « minorités invisibles », pour reprendre les mots du présentateur de France Info ? Si l’on se focalise sur ses différences, il semble, finalement, plutôt logique de se sentir à part. Et, quand on y pense, selon les critères auxquels on se réfère, il est possible de créer un nombre quasi-infini de catégories de personnes qui représentent 2,5 % de la population…
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