HPI, troubles dys… The Conversation pointe les risques de la hausse des dépistages

Brèves Scolarité

The Conversation, journal scientifique en ligne, s’intéresse à la hausse des dépistages scolaires autour du haut potentiel intellectuel et des troubles dys. Il relève notamment quelques dangers dans la poursuite de l’individualisation spontanée du rythme d’apprentissage des élèves.

The Conversation
Capture d’écran de l’article de The Conversation

Dans un article du 22 juin 2021, The Conversation se penche sur la multiplication des « diagnostics » de dyslexie, hyperactivité ou haut potentiel intellectuel (HPI) en milieu scolaire. Le journal en ligne qui associe « l’expertise universitaire à l’exigence journalistique » publie l’analyse de Cécile Charazas. Elle est doctorante en Sciences de l’éducation et chargée d’enseignement à l’Université de Bordeaux. La chercheuse constate que le dépistage des troubles croît nettement à l’école.

L’article mentionne même une tendance au « diagnostic » autonome. Il relève de « certains enseignants, sans consultation médicale, et parfois même sans bilan orthophonique. » Cécile Chazaras mentionne, par ailleurs, un inspecteur de l’éducation nationale. Ce dernier explique qu’une « part conséquente d’enfants » sont considérés, à l’école, comme porteurs de troubles « sans même avoir rencontré un médecin pour objectiver ce diagnostic. »

Dépossession pédagogique des enseignants

Les conclusions présentées par l’article de The Conversation s’appuient sur une série d’entretiens. Ceux-ci font également émerger un « effet de dépossession pédagogique ». Ainsi, plus de la moitié des enseignants considèrent qu’ils manquent de formation pour agir face aux troubles dys. Dès lors, ils se forment « de manière autonome et fabriquent ou financent eux-mêmes du matériel adapté aux enfants qu’ils accueillent dans leur classe. »

Dans l’article de The Conversation, Cécile Chazaras pointe, par ailleurs, le risque de « l’étiquetage ». Elle s’appuie là sur la théorie de l’étiquetage social. Elle est portée notamment par Howard Becker et tire son substrat des travaux du sociologue français Emile Durkheim. Cette théorie met notamment « en garde contre de potentiels effets de mise en conformité avec l’étiquetage apposée ». L’élève désigné comme HPI ou porteur de troubles finira donc, forcément, par se comporter comme tel.

The Conversation pointe un phénomène de catégorisation

D’autant plus qu’il « bénéficiera de prises en charge spécifiques, d’interactions pédagogiques et d’adaptation des enseignements qui marqueront incessamment l’existence de son « trouble » ». L’enfant aura donc bien du mal à se défaire de cette encombrante étiquette.

L’article de The Conversation conclut en affirmant qu’il s’agit « bien d’un phénomène de catégorisation ayant des implications et des effets dans la scolarité des enfants et des adolescents aujourd’hui. » En effet, l’augmentation du nombre de « diagnostics », plus ou moins légitimes, entraîne un conditionnement dans l’accès au savoir. Par conséquent, c’est « l’individualisation spontanée du rythme d’apprentissage » qui recule.

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