Partager la publication "HPI, TDA/H, troubles dys… Trop de diagnostics inutiles ou contreproductifs ?"
Selon Emmanuelle Piquet, psychologue, les diagnostics de HPI, TDA/H et troubles dys sont trop nombreux désormais. Elle évoque même une « épidémie » qui conduit à pathologiser des comportements qui, selon elle, constituent pourtant la richesse individuelle des enfants.

Haut potentiel intellectuel (HPI), troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), dyslexie, dyspraxie, dysorthographie… « fait-on trop de diagnostics ? ». Telle est la question que se pose le magazine Version Femina dans un article récemment publié sur son site Internet. Pour tenter d’y répondre, il convoque Emmanuelle Piquet. Psychologue, elle est notamment l’auteure, avec Alessandro Elia, de Nos enfants sous microscope. TDAH/H, hauts potentiels, multi-dys & Cie : comment stopper l’épidémie de diagnostics. Un livre que publient les éditions Payot.
« Ce qui pose d’abord problème, c’est le fait que l’on psychiatrise et médicalise les états d’âme », estime Emmanuelle Piquet dans l’article. Elle dénonce le panel trop large de maladies que référence le DSM-5. Il s’agit du « catalogue des affections psy ». Selon la psychologue, ce dernier s’apparente désormais à « l’horoscope, tout le monde peut s’y retrouver ! » Sans pour autant contribuer à lutter contre les troubles réels dont souffrent les patients.
« Prophétie autoréalisatrice »
Emmanuelle Piquet reconnaît que mettre un nom sur un trouble peut aider. Néanmoins, elle considère que, la plupart du temps, cela contribue à aggraver la situation. « Poser une étiquette risque de figer un comportement à un moment donné, alors que chez l’enfant tout est en devenir », assène la psychologue. Elle estime que cette attitude peut entraîner une paralysie de l’enfant dans son symptôme en l’empêcher d’évoluer. « C’est ce que les spécialistes nomment la prophétie autoréalisatrice », résume Emmanuelle Piquet.
Dans son article, Version Femina pointe le rôle de l’école dans ce foisonnement de diagnostics. Elle serait ainsi « trop normative » et mettrait au jour certaines difficultés alors que celles-ci ne posent pas de problème particulier pour les enfants à la maison. En cause : des effectifs d’élèves trop importants dans les classes. Cela conduirait les enseignants à privilégier les élèves « moyens » et à pathologiser tous ceux qui sortent un peu des clous.
De plus, « vous aurez beau répéter à un élève souffrant de troubles de l’attention « Concentre-toi », vous n’arriverez qu’à le stresser », observe Emmanuelle Piquet. Elle milite plutôt pour la création de ce qu’elle appelle des « coins lunes ». Selon la psychologue, ceux-ci permettraient d’accorder des temps de « déconcentration » aux enfants. « Bien sûr que certains enfants ont de vrais troubles. Mais, dans la grande majorité des cas, ces comportements sont parfaitement normaux et transitoires, poursuit-elle. Pourquoi mettre sur le compte de pathologies ce qui relève d’une belle richesse individuelle ? »
Retrouvez notre dossier sur la scolarité des enfants surdoués
very good
good article thanks
very nice