Hans Asperger : une historienne étudie le passé nazi du pédopsychiatre autrichien

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Edith Scheffer, historienne à Berkeley, en Californie, publie Les Enfants d’Asperger. Dans ce livre, elle revient sur le passé du pédopsychiatre qui a mis au jour le syndrome qui porte son nom. Contrairement à l’image officielle, il aurait rapidement adhéré à l’idéologie nazie.

Hans Asperger
Couverture de Les Enfants d’Asperger d’Edith Scheffer (DR : éditions Flammarion)

Dans un article publié le 10 juin 2020, National Geographic publie un entretien avec Edith Scheffer. Cette professeure d’histoire à l’université de Berkeley, en Californie (USA), publie Les Enfants d’Asperger chez Flammarion. Elle y revient sur l’existence et les travaux d’Hans Asperger (1906-1980).

C’est Lorna Wing, une psychiatre britannique qui a exhumé les travaux d’Hans Asperger à la fin des années 1970. Elle a notamment pris la suite d’une thèse rédigée en 1944. Celle-ci traitait les cas de quatre enfants autistes qui présentaient des « facultés spéciales ». Elle a décidé de nommer ce syndrome Asperger, en hommage au pédopsychiatre autrichien.

Mais les informations sur ce dernier restent rares. Il est généralement présenté comme un résistant au nazisme. Un médecin qui aurait même sauvé plusieurs enfants handicapés de l’extermination. Pourtant, selon Edith Scheffer, la vérité sur Hans Asperger est toute autre. L’historienne appuie son analyse sur l’étude d’un corpus d’archives.

Hans Asperger et la terminologie nazie

Son livre propose le portrait d’un scientifique soumis à l’idéologie nazie. Il aurait effectivement aidé des enfants. Mais uniquement ceux qu’il jugeait capables de s’intégrer à la communauté. Il a, en revanche, condamné les autres.

« Certains ont même avancé l’idée qu’Asperger avait diagnostiqué les « capacités spéciales » d’enfants autistes à la manière d’une liste de Schindler psychiatrique, explique Edith Scheffer. En tant qu’historienne de l’Allemagne et du Troisième Reich, j’étais intriguée. » L’historienne américaine est également la mère d’un garçon autiste.

Par son enquête, elle a notamment découvert qu’Hans Asperger et ses équipes ont envoyé des enfants dans les centres de mise à mort. D’autres sont partis vers des écoles et des institutions correctionnelles pour mineurs. Edith Scheffer considère que la vision qu’Asperger présente de la pathologie est le produit de l’idéologie nazie.

Une conversion progressive qui se manifeste par l’adoption de la terminologie du régime. Son langage sur les jeunes autistes se fait de plus en plus cruel au fil du temps. Jusqu’à écrire en 1944 que « l’autiste n’est que lui-même (autos) et n’est pas un membre actif du grand organisme ». Une position qui s’exprime par le vocabulaire fasciste.

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