Partager la publication "Éducation nationale : 8 propositions pour une meilleure prise en charge des élèves précoces"
Les députées Rixain et Meunier ont remis un rapport fin janvier 2019 sur la prise en charge de la précocité à l’école, en France. Elles y formulent 8 propositions pour lutter contre les préjugés, améliorer la sensibilisation de la communauté éducative et favoriser l’intégration des jeunes surdoués au sein de l’école publique.

Tout cela reste bien superficiel, mais c’est toujours mieux que rien. Mardi 22 janvier 2019, Marie-Pierre Rixain, députée (LREM) de l’Essonne, et Frédérique Meunier, députée (LR) de la Corrèze, ont remis un rapport sur la prise en charge de la précocité à l’école. Il concrétise un travail mené par les deux élues dans le cadre d’une « mission flash » confiée par la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale.
Pour appréhender la précocité dans le cadre scolaire, les deux députées ont procédé à une quinzaine d’auditions, organisé des tables rondes et se sont déplacées sur le terrain. Elles en ont tiré un état des lieux de la situation des élèves surdoués à l’école. Mais aussi des éventuelles difficultés qu’ils peuvent y rencontrer et des contraintes qui pèsent sur leurs proches et leurs familles.
Dans le cadre de cette mission, Marie-Pierre Rixain et Frédérique Meunier font également le bilan des dispositifs existants pour l’accueil des élèves précoces à l’école. Elles y étudient, par ailleurs, les évolutions indispensables pour que les jeunes surdoués puissent suivre une scolarité adaptée à leurs besoins. Elles formulent ainsi 8 propositions pour « améliorer le repérage et la prise en charge des élèves intellectuellement précoces à l’école », résume un communiqué de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale.
« Un enfant surdoué peut échouer à un test de Q.I. »

Pour contextualiser, le rapport précise que ce sont les élèves dont le Q.I. est supérieur à 130, dans le cadre du test WISC, qui sont pris en compte. Ce qui concerne, en France, environ 200 000 individus de 6 à 16 ans. Il tient néanmoins compte de la possible faillibilité des tests de repérage de la précocité. Selon l’état physique et psychologique de l’enfant examiné, les résultats varient significativement. « Aussi, un enfant surdoué peut échouer à un test de Q.I. », écrivent Mmes Rixain et Meunier. Dès lors, il paraît indispensable de ne pas circonscrire les mesures envisagées aux seuls élèves dont le Q.I. dépasse 130. De nombreux autres critères sont évidemment à prendre en compte. Il ne faut pas que les autorités compétentes en la matière l’oublient.
« Faire reculer les préjugés »
La première des huit propositions formulées dans le cadre de cette « mission flash » concerne la sensibilisation des équipes pédagogiques à la précocité et ses éventuels troubles : « les équipes pédagogiques, qu’il s’agisse des enseignants mais également des directeurs d’établissement, doivent recevoir une formation spécifique dans le cadre de la formation initiale », avancent les deux élues. La mesure est déjà expérimentée depuis 2017 en Seine-et-Marne où tous les futurs enseignants suivent un module de formation de 3 heures sur l’identification et la prise en charge des élèves surdoués.
Outre la nécessaire inclusion de la question de la précocité dans la formation initiale des enseignants, les deux députées considèrent qu’elle doit aussi être intégrée à la formation continue des professionnels. C’est l’objet de leur deuxième proposition : des modules accessibles à tous les enseignants et chefs d’établissement volontaires. Ce qui, selon le rapport, ne coûterait pas très cher. Il ne prône, en effet, qu’une sensibilisation de « quelques heures » pour « faire reculer les préjugés » et faciliter le repérage des enfants précoces. Pas sûr que cela soit suffisant. Mais, là aussi, c’est déjà mieux que rien.
Des formation sur la précocité pour les équipes médicales
Les deux mesures suivantes concernent les équipes médicales et les psychologues de l’Éducation nationale. Le rapport propose des modules de formation initiale et continue pour les équipes médicales « le plus rapidement possible » et définit comme « importante » la préservation des effectifs et des moyens attribués aux psychologues. Pour rappel, selon des chiffres de l’Association française des psychologues de l’Éducation nationale, la France compte un psychologue scolaire pour 2 000 enfants. A titre de comparaison, la moyenne des pays de l’OCDE atteint un psychologue scolaire pour 800 enfants. Il est ainsi extrêmement courant, en France, que les jeunes suivent toute leur scolarité sans jamais avoir affaire à un psychologue de l’Éducation nationale. Ce qui ne facilite évidemment pas le repérage et la prise en charge des jeunes précoces. A ce titre, il semblerait même plus pertinent de prévoir une hausse plutôt qu’un simple maintien des effectifs de psychologues scolaires en France.

La cinquième proposition des rapporteures s’attaque au suivi des jeunes précoces au sein de l’école de la République. Pour elles, il est indispensable que les élèves surdoués soit automatiquement identifiés et signalés à l’équipe pédagogique. Cela pourrait se faire par l’ouverture d’un dossier de suivi qui accompagnerait l’enfant sur l’ensemble de sa scolarité.
Ce qui conduit à une série de plusieurs propositions pour unifier les dispositifs existants et ceux en projet sur le territoire national. « Certains départements ou académies sont plus en avance que d’autres en matière de prise en charge de la précocité intellectuelle à l’école et il est important de constituer un recueil de bonnes pratiques afin que le nivellement s’opère par le haut, et non par le bas », écrivent les députées. Sur ce point, elles se positionnent en faveur d’un « maillage juste et adapté » pour la répartition des moyens destinés à la gestion des élèves intellectuellement précoces en France (proposition n°6). Ce qui passerait par l’édification de règles, en fonction du nombre d’élèves par académie, pour une juste répartition des moyens pour la prise en charge des élèves précoces.
Parler de jeunes à « haut potentiel » plutôt que « précoces »
En complément, le rapport préconise la généralisation des dispositifs d’intégration des jeunes surdoués dans les établissements publics, « afin qu’il en existe au moins un par département et ce, de la maternelle à la fin du lycée ». C’est l’objet de la septième proposition.
La dernière proposition des députées Rixain et Meunier porte sur la terminologie. Elle préconise l’expression « haut potentiel » plutôt que le mot « précocité » pour parler des jeunes surdoués. Ce qui décrirait mieux la situation des enfants concernés et présenterait l’avantage de s’appliquer aussi aux adultes. Elles écrivent aussi que l’expression « haut potentiel » présente l’avantage de mieux traduire « le fait que ces enfants disposent d’un potentiel qui peut ou non se réaliser ». Ce qui peut, en effet, aider à faire reculer certains préjugés sur la précocité. Pour cela, elles proposent une « évolution du code de l’éducation » qui prendrait en compte cette modification de la terminologie.
Même si toutes ces propositions semblent évidentes pour les personnes concernées par la précocité, le rapport présente l’intérêt d’aborder la question. Pour rester positif et constructif, on peut retenir que parmi les mesures préconisées par les deux députées, plusieurs aideraient à lutter contre les préjugés sur la précocité. Un préalable indispensable à une sensibilisation efficace de la communauté éducative pour une meilleure prise en charge de nos enfants précoces à l’école.
Pour en savoir plus :
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