Partager la publication "Ecole Arborescences de Lille : « Nous ouvrons en septembre avec 8 enfants de 4 à 11 ans »"
Hélène Marcelli dirige l’école Arborescences de Lille. L’établissement ouvre ses portes en septembre 2020. Il accueillera 8 élèves de 4 à 10 ans dans une classe multi-niveaux. Mais ses effectifs pourraient grandir en cours d’année. Interview…
La Revue du Zèbre – L’école Arborescences de Lille ouvre ses portes en septembre prochain. Comment cette rentrée se prépare-t-elle ?
Hélène Marcelli : Nous disposons d’un local et avons réuni une super équipe. Pour la rentrée, nous comptons 8 enfants inscrits de manière certaine. Ils sont âgés de 4 à 10 ans. Notre capacité maximale s’élève à 15 places. Mais, nous en gardons certaines pour pouvoir accueillir des jeunes en cours d’année aussi. Certains parents se montrent prudents. Ils attendent de voir comment l’année se passera après la précédente qui était un peu particulière.
La Revue du Zèbre – La crise sanitaire et la période de confinement ont certainement eu des conséquences sur le lancement de l’école Arborescences de Lille…
H.M. : Le confinement a compliqué mon travail. Pendant cette période, j’ai été en contact avec une trentaine de familles. Mais nos discussions n’ont pu se faire que par téléphone. Or, c’est plus compliqué d’échanger dans ce contexte. C’était frustrant de ne pas avoir la possibilité de les rencontrer. J’ai néanmoins pu retrouver les familles les plus motivées après le confinement.
Par ailleurs, plusieurs parents restent dans l’attente de savoir comment se passera la suite. Leur situation professionnelle ou géographique est, parfois, indécise. Nous le constatons également dans les autres écoles du réseau.
600 €/mois à l’école Arborescences de Lille
La Revue du Zèbre – Quel est le tarif de la scolarité à l’école Arborescences de Lille ?
H.M. : Il faut compter 600 euros par mois sur 10 mois. Il existe toutefois des solutions. Les parents peuvent nous contacter pour en discuter.
La Revue du Zèbre – Quels programmes les élèves suivront-ils ?
H.M. : Ils seront réunis en classe multi-niveaux. Dès lors, ils travailleront tous ensemble. La journée débutera par un temps d’agora où les enfants s’expriment. C’est une pratique qui manque un peu dans l’enseignement classique. Ce temps nous aide à les amener à s’exprimer, peu à peu, sur ce qui les intéresse.
Ensuite, nous organisons un temps rituel, plus scolaire. Il s‘agit d’une période de travail personnalisé. Les élèves suivent les cours adaptés à leur niveau réel, selon chaque matière. Le fait de ritualiser ces apprentissages que les enfants apprécient parfois peu permet de les rassurer.
La deuxième partie de matinée sera consacrée à un temps de cycle. Pendant trois semaines, les enfants se dédient à un thème. Nous débutons par une tempête d’idées. Puis les élèves travaillent, seuls ou en groupe, avec l’objectif de rendre une production. Il est important qu’ils décident eux-mêmes ce qu’ils souhaitent faire et comment ils veulent le faire. L’idée est de faire le tour d’un sujet.
Anglais, espagnol, philosophie…

L’après-midi, nous les « nourrissons » autrement avec des ateliers d’ouverture. Ils y apprennent l’anglais que nous jugeons très important pour l’ouverture internationale. Ils travaillent aussi le graphisme de manière ludique en découvrant le chinois. Nous proposons également des jeux de rôle ou des massages. Ils peuvent également suivre des cours sur le fonctionnement du cerveau. Mais aussi de la philosophie. Nous avons la chance d’accueillir un neuropsychologue spécialisé dans le haut potentiel intellectuel (HPI) au sein de l’équipe.
Après les ateliers, les enfants débriefent sur leur journée. Ils utilisent un système de pépites. Ils décident combien ils s’en accordent et argumentent leur réponse. Ils peuvent ainsi évacuer les éventuelles frustrations qu’ils ressentent et ne pas exploser en rentrant à la maison ensuite.
La Revue du Zèbre – Comment se compose l’équipe d’encadrement ?
H.M. : Le matin, c’est moi qui prends la classe. En parallèle, nous nous organisons pour qu’une autre personne, qui n’encadre pas directement les enfants se trouve dans l’école. Elle peut intervenir en cas de débordement émotionnel. Cela permet de ne pas perturber les autres élèves. Mais également d’être réactif immédiatement pour éviter les éventuelles crises. Coralie est également présente. Elle travaille aussi au Forum des Sciences. Elle a l’habitude d’animer des ateliers avec des enfants HPI.
L’après-midi, une intervenante chilienne prend le relais. Elle assure des cours d’anglais et d’espagnol. Elle propose aussi des cours sur la culture latino-américaine. Mais également de tricot. Une pratique intéressante au niveau de la mobilité des doigts.
Nous accueillerons, par ailleurs, un intervenant différent chaque après-midi pour les activités : massages, bridge, chinois, théâtre d’improvisation…
L’équipe compte, de plus, une collaboratrice qui assure les activités périscolaires. Elle devrait prendre la classe suivante l’année prochaine.
L’école Arborescences de Lille loue ses locaux
La Revue du Zèbre – L’école Arborescences de Lille est gérée par une association. Outre, les frais de scolarité, quelles sont vos sources de financement ?
H.M. : Je cherche des financements auprès de fondations principalement locales. Je cherche à faire émerger la dimension régionale de notre démarche. Lille se situe au cœur de l’Union européenne et nous souhaitons le mettre en valeur. Notre région a beaucoup de choses à proposer et elle accueille de nombreuses grandes entreprises avec lesquelles nous pourrions collaborer.
Nous assurons aussi des ateliers Ludi’Labo que je proposais déjà ultérieurement. Je pense qu’ils recommenceront dans nos locaux à partir de la Toussaint, les mercredis après-midi.
La Revue du Zèbre – Vous proposez également vos locaux à la location…
H.M. : Effectivement. Nos locaux se trouvent rue Lamartine, à Lille, à proximité du centre. Nous, sommes culturellement bien positionnés. Par ailleurs, nous jouissons d’un local d’une centaine de mètres carrés et d’un jardin de 200 m². Nous avons de la place disponible et des spécialistes pourraient en profiter pour leurs activités.
Acquérir les compétences pour un retour à l’école classique
La Revue du Zèbre – Certains déplorent la démarche qui consiste à réunir des jeunes HPI au sein d’établissements spécialisés. Ils prônent plutôt l’inclusion au sein de l’Education nationale. Quel regard portez-vous sur la question ?
H.M. : J’ai travaillé pendant 10 ans dans l’Education nationale. Par conséquent, mon point de vue diffère. J’ai essayé de faire bouger les choses. Mais, finalement, j’y ai perdu beaucoup d’énergie. C’est compliqué car les enfants HPI ont à la fois besoin d’inclusion et de se retrouver entre eux. Ils le disent eux-mêmes.
Toutefois, dans un établissement classique, dès que nous regroupons des élèves HPI, le regard des autres jeunes change. Ils ne comprennent pas vraiment. Alors, on se retrouve dans la même situation que celle de la classe spécialisée dans la série Malcolm (Lire sur La Revue du Zèbre).
Dès lors, si nous souhaitons agir différemment, nous devons le faire ailleurs. Notre position s’avère toutefois intermédiaire. En effet, nous visons surtout à apprendre aux enfants à bien se connaître pour ensuite être en mesure de revenir dans le système de l’Education nationale. J’estime qu’ils ont besoin de rester deux ou trois ans à Arborescences pour acquérir les compétences nécessaires. Le réseau existe depuis dix ans et tous les enfants qui l’ont quitté ont trouvé leur place à l’école classique.
Notre collège est, quant à lui, ouvert à tous. Nous partons du principe qu’il est important de réunir les jeunes HPI quand ils sont enfants. C’est l’âge où ils se construisent. Plus âgés, ils apprécient davantage de se mélanger.
Félicitations pour ce beau projet qui est devenu réalité! Les enfants ont vraiment besoin de souffler, de restaurer une estime d’eux parfois malmenée et les parents de trouver un regard bienveillant sur eux et de partager avec d’autres parents. Bravo à vous!
Sylvie FORTUN
Coach de l’Ecole des parents de Nantes 😉