Partager la publication "Allodocteurs.fr tente d’aller au-delà des fantasmes sur les adultes surdoués"
Dans un récent article, Allodocteurs.fr parle des adultes surdoués. Avec l’intention d’éviter les clichés et les fantasmes sur le sujet. Une mission partiellement remplie…

Le site Internet Francetvinfo.fr a repris un article de la rédaction d’Allodocteurs.fr sur les adultes surdoués vendredi 21 juin 2019. Il y présente les caractéristiques des adultes à haut potentiel intellectuel (HPI) qu’il qualifie de « type de profil psychologique [qui] fascine, et reste la source de nombreux fantasmes ». L’intention semble plutôt bonne à ce stade.
Le papier débute en citant Sylvie qui vient d’apprendre qu’elle est surdouée à 52 ans. « Un verdict salvateur », assure Allodocteurs.fr. Pour autant, l’article ne précise pas en quoi cette identification s’avère salvatrice pour Sylvie. On comprend seulement que le fait de pouvoir mettre un nom sur un sentiment de « décalage » la soulage. Mais de là à la sauver… De quoi ? De qui ? De quelle manière ? Nous n’en saurons malheureusement pas davantage. S’en suit une citation de Jeanne Siaud-Facchin qui décrit les raisons pour lesquelles de nombreux adultes HPI doivent faire des efforts d’adaptation pour communiquer en société.
Le phénomène de mode autour de la douance
Le principal intérêt de l’article réside dans le paragraphe suivant. Il décrit le processus d’identification des surdoués. Et cite le pédopsychiatre Gabriel Wahl qui, dans son livre « Les adultes surdoués » recense les caractéristiques des HPI. Une liste qui, comme le relève l’article, pose un problème. A sa lecture, de nombreuses personnes peuvent se sentir concernées, alors qu’elles ne sont pas surdouées. En découle le phénomène de mode actuel autour de la douance. Dont Jeanne Siaud-Facchin tire l’analyse suivante : « Ça a envahi les réseaux sociaux, les blogs… Beaucoup « s’auto-diagnostiquent » à cause de biais de confirmation ». Elle ne précise toutefois pas que cette situation profite certainement à son centre, Cogito’Z, dont une partie des revenus consiste justement à administrer des tests de QI aux individus qui se pensent HPI.
Un autre point intéressant soulevé par l’article d’Allodocteurs concerne la terminologie associée aux tests de QI. Il explique qu’il semble plus juste de parler d’ « identification » plutôt que de « diagnostic ». Car, la douance n’est évidemment pas une maladie. En revanche, les troubles qui y sont parfois associés peuvent, eux, être l’objet de diagnostics. C’est pourquoi, nous n’irons pas jusqu’à dire que les surdoués « vont mieux dans tous les domaines, y compris en psychiatrie », comme Gabriel Wahl.
Les adultes surdoués, « du pain béni pour les entreprises » ???
Parmi les difficultés propres aux adultes surdoués, Allodocteurs.fr aborde la question des troubles anxieux. Beaucoup de HPI parviendraient à les surmonter par l’adaptation. Mais, pour certains, il serait extrêmement compliqué de vivre avec. Principalement dans le monde de l’entreprise. « Ils veulent faire avancer les choses, et pas seulement pour eux, mais pour le bien de l’entreprise. Ils ont beaucoup de mal avec les ordres et la hiérarchie. Ils sont parfois considérés comme des emmerdeurs », résume Jean Siaud-Facchin dans l’article.
Ce qui n’empêche pas la psychologue d’évoquer le cliché de la « pensée divergente » dont disposeraient les surdoués. Ce qui en ferait « du pain béni pour les entreprises »…
S’il est regrettable que cet article s’achève sur l’évocation du fameux mythe du surdoué mine d’or pour l’entreprise, notons néanmoins sa volonté de ne pas aborder le sujet sur un mode sensationnaliste. Toutefois, l’objectif d’aller au-delà des « fantasmes » comme l’annonce l’introduction semble peu rempli. Notamment en raison du choix des spécialistes interrogés dont les points de vue et les thèses ont justement tendance à nourrir certaines idées reçues sur les surdoués.