Partager la publication "A l’école sans les codes (2/2) : les défis difficiles des parents d’élèves surdoués"
La scolarité des enfants précoces peut parfois être un vrai parcours du combattant. Quant aux parents d’élèves surdoués, ils doivent souvent faire face à de nombreux défis auxquels ils ne sont pas forcément préparés. Deuxième partie de notre série « A l’école sans les codes »…

Les surdoués font l’objet de pas mal de préjugés. Beaucoup estiment qu’ils sont tous des génies en puissance et que, par conséquent, ils doivent brillamment réussir leur scolarité. Ce qui, on l’a vu dans la première partie de cette série, n’est pas forcément le cas. Le problème, c’est que cette idée reçue est partagée par de nombreux enseignants. Il est ainsi très difficile pour les parents d’élèves surdoués de communiquer avec les professeurs de leurs enfants. Face à certaines attitudes, ils se sentent parfois coupables. Pour autant, à force dialogue et de patience, ils parviennent généralement à régler les problèmes, entre adultes. Habitués aux « spécificités » de leurs enfants, les parents de jeunes HPI savent les expliquer à leurs enseignants.
Éléonore se souvient de l’année de seconde de sa fille, Mathéa. Elle a choisi de ne pas prévenir ses professeurs de sa précocité. « Je me suis dit : on verra bien si quelqu’un remarque quelque chose », justifie-t-elle. Et ça n’a pas manqué. A la fin de l’année, le professeur principal de Mathéa la contacte pour la rencontrer. Il lui rapporte un manque de motivation de la jeune fille dans les matières. Mais aussi avec les enseignants avec qui elle n’a pas particulièrement d’affinités. Mathéa marche à l’affect.
Manque d’intérêt et de confiance
« Il a vu juste », résume Éléonore. Elle explique la situation à l’enseignant et il comprend. Alors qu’il souhaitait initialement un redoublement, celui-ci accepte le passage en seconde, conscient que le problème ne vient pas du niveau scolaire de la jeune fille, mais plutôt d’un manque d’intérêt dans certaines matières.
Elle poursuit aujourd’hui son cursus, mais « manque énormément de confiance en elle », malgré des résultats globalement satisfaisants, précise Éléonore. Selon elle, « le plus dur, c’est quand les parents se sentent coupables devant des enseignants qui laissent entendre que notre enfant est difficile ». Un problème auquel elle n’est désormais plus confrontée depuis que sa fille est inscrite dans un établissement privé où les professeurs sont sensibilisés.
Ce cas, parmi d’autres, démontre l’importance de former le corps enseignant à la question de la précocité de certains élèves. Au même titre que d’autres spécificités potentielles chez des enfants, comme le retard intellectuel, l’autisme, la dyslexie ou l’hyperactivité, par exemple. Ne serait-ce que pour « faire reculer les préjugés », comme l’écrivent les députées Marie-Pierre Rixain et Frédérique Meunier dans leur rapport (Lire sur La Revue du Zèbre). Mais aussi déculpabiliser les parents, soulager les professeurs et, parfois, tout simplement, gagner du temps !
Pas d’aide financière pour les parents d’élèves surdoués
Car les défis ne s’arrêtent pas là pour les parents d’élèves surdoués. Ils doivent aussi composer au quotidien face aux difficultés financières. Agathe, mère de quatre enfants dont trois diagnostiqués surdoués, explique ainsi ne bénéficier d’« absolument aucune » aide pour leur scolarisation. Alors, elle doit se débrouiller.
Elle va ainsi rejoindre un centre de groupement de familles « déscolarisantes ». Cela lui permettra d’offrir un peu de vie sociale à ses enfants. Mais, « il ne prend pas la responsabilité des enfants donc il faut les accompagner toute la journée, précise Agathe. J’espère pouvoir rapidement m’organiser pour une « garde alternée » avec d’autres familles et me dégager un peu de temps libre car je suis avec eux en permanence ». Par ailleurs, l’accès à ce centre n’est pas gratuit. Il lui coûte 300 euros par mois pour toute la famille. Ce qui reste relativement intéressant quand on compare la somme aux 1 800 euros par enfant et par mois qu’Agathe devrait débourser en les inscrivant dans un établissement scolaire spécialisé.
La précocité doit-elle être reconnue comme un potentiel handicap ?
Du côté de Zébra Alternative, lieu qui accueille des adolescents surdoués en souffrance scolaire, la prise en charge à aussi un coût pour les parents. Et il a tendance à augmenter face à la baisse des subventions et des aides publiques allouées à l’association Zébra qui le gère. Aujourd’hui, il faut compter de 90 à 207 euros par mois pour un accueil d’un jour par semaine. Pour un accueil à temps plein, soit 4 jours par semaine, la note est comprise entre 240 à 552 euros par mois pour un accueil à temps plein. Les tarifs sont indexés sur les revenus des parents d’élèves surdoués.
Le rapport des députées Rixain et Meunier n’aborde pas la question financière de la prise en charge scolaire des jeunes précoces. C’est pourtant le nerf de la guerre pour les parents. Surtout quand leurs enfants ne sont pas en mesure de suivre un cursus « classique ». Pour réellement aller au-delà des préjugés sur la précocité, il serait peut-être intéressant que les autorités reconnaissent qu’elle peut constituer un vrai handicap. Et que, de ce fait, ceux qui en souffrent doivent être accompagnés sur les plans logistique et financier.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
68 et 66 ans et parents d’une enfant de 16 ans, je puis affirmer que le parcours scolaire de notre fille a été un véritable combat depuis la maternelle où elle fut l’objet de « maltraitances » de la part d’une enseignante . Trop à la demande disait-on . Ce fut un combat de tous les jours pour la voir s’épanouir. Ma pensée est que les représentants du corps enseignant prêtant un intérêt particulier au développement et à la prise en charge de ces enfants au « système de pensée » si différent » sont rares . Ces enfants dérangent plus qu’ils n’intéressent alors que ce gouvernement a fait édité il y a quelques années le manuel EDUSCOL faisant mention de leur prise en charge. Plus d’ écrits que d’actions.